7 octobre 1644 : Entrée de Catherine de Longpré au monastère de Bayeux et fête de Notre-Dame du Rosaire
C’est le 7 octobre 1644, à l’âge de 12 ans et demi, que la jeune Catherine fera son entrée au Monastère de Bayeux.
Elle relate dans son journal :
« À douze ans & demi, ou environ, j'eus une rude secousse; Dieu m'attirait à lui pour la Religion d'un côté, & le monde de l'autre me tenait fort attachée à lui. Je jugeais qu'avec la grâce de notre Seigneur, j'y ferais mon salut; des personnes spirituelles & religieuses me confirmaient dans ma pensée, & voulaient porter mes parents à ne me pas mettre en Religion; j'avais beaucoup plus de penchant pour le monde, & il n'y est que cette pensée qui me poursuivait malgré moi, & je sentais ce reproche en mon cœur; quoi si je fais mieux & plus parfaitement la volonté de Dieu en Religion, y a-t ‘il à hésiter d'y entrer? Ensuite je me faisais cette objection, que j'étais encore trop jeune & trop petite pour délibérer de cela; & qu'il fallait attendre: mais ce reproche continuant, me disait, tu es donc trop jeune pour être à Dieu? & tu es assez prête à délibérer pour être au monde? cela me causait une peine extrême; néanmoins le premier jour, qui était un Samedi en l'année 1644, après avoir communié, je me résolus d'entrer en Religion, puisque la volonté de Dieu demandait cela de moi; & comme je craignais d'en sortir, je ne voulais pas dire que mon dessein fût d'être Religieuse, mais seulement d'essayer & voir un peu comme les Religieuses font.
Ce fut au 7. Octobre de la même année, que j'entrai au Monastère des Religieuses de Bayeux, avec une de mes sœurs qui était mon ainée: mais comme j'avais dit aux Religieuses mêmes, que je ne venais pas pour demeurer chez elles, cela me valut de bonnes mortification; car on m'éprouva au double, crainte que ma vocation ne fût fondée sur des respects humains. Quelque chose que l'on me dit & fit, je demeurai ferme dans la pensée qu'assurément je serais Religieuse, & je disais à la Mère des Novices faites-moi tout ce que vous voudrez, vous ne m'ôterez point l'Habit, & je ne sortirai point d'ici, sinon pour aller en Canada. La sainte Vierge m'avait donné cette espérance si ferme, que rien n'était capable de me la faire perdre, ou d'en avoir la moindre défiance. »
Si elle dit aux sœurs, à son arrivée, qu’elle vient seulement essayer, c’est comme elle dit qu’elle « craignait d’en sortir ». Mais un autre élément confirme sa volonté d’y rester, pour correspondre à ce qu’elle sait être la volonté de Dieu. C’est le songe qu’elle fît vers l’âge de 9-10 ans. Elle se voit poursuivie par un homme horrible avec un couteau en main qui veut la blesser ; elle se réfugie dans une tour et au moment où elle invoque la sainte Vierge à son secours, une religieuse en blanc (qu’elle ne connait pas) se présente à elle. Catherine réclame son secours et s’en voit protégée. Ce qui est particulier, c’est que Catherine n’avait jamais vu d’hospitalière, mais lorsqu’elle arriva au monastère de Bayeux avec sa grande sœur, elle reconnut dans le visage de la supérieure celle-là même qui la secourut et protégea dans son rêve. Ce fait la confirma dans l’idée que c’était bien sa place.
Un rapprochement intéressant peut être fait aussi avec la date de son entrée qui fut un 7 octobre. Nous savons que Catherine a toujours eu une grande dévotion envers la Vierge Marie. Or, le 7 octobre est la fête de Notre-Dame du Rosaire. Même si cette fête a été fixée précisément au 7 octobre seulement en 1913 par le pape Pie X et qu’elle était auparavant fêtée le premier dimanche d’octobre, nous pouvons tout de même y voir une marque providentielle de la Vierge dans les étapes importantes de la vie de Catherine, comme son entrée en religion. De plus, le Rosaire a tenu une place importante dans la vie de Catherine comme en témoigne les faits suivants :
À l’âge de 10 ans, le même jour où elle signe sa première consécration mariale, elle entre dans la Confrérie du Rosaire.
Aussi, le Rosaire est pour elle une prière à la fois de réconfort, de reconnaissance ou encore de supplication. « (…) J’employai le reste de la nuit jusqu’à quatre heures à dire mon Rosaire, et à m’offrir derechef à Jésus et Marie. À chaque Pater et Ave, il me semblait que mon cœur pénétrait le sens de chaque parole ; et je les proférais avec un grand sentiment intérieur. »[1]
Il ne faudrait pas négliger non plus que la prière du Rosaire ou du chapelet est souvent mentionnée dans les nouvelles Constitutions des Augustines après la Réforme. On y lit par exemple : « Tous les samedis de l’année et toutes les fêtes de la glorieuse Mère de Dieu et celle du glorieux patriarche saint Joseph, on allumera une lampe devant leurs images pendant tout le jour, là où toutes les sœurs (…) réciteront leur chapelet. » (Traité premier, chapitre II) Ou encore, concernant le devoir envers les sœurs décédées : « Chaque religieuse récitera trois fois la couronne de la Vierge[2]. » (Traité troisième, chapitre III)
Le Rosaire avait donc une place importante déjà au sein de sa communauté et elle lui fit une place de choix également dans son cœur.
[1] Paul RAGUENEAU, La Vie de Mère Catherine de Saint-Augustin, 1671. p. 117
[2]On entend par couronne de la Vierge, le chapelet.
Photo : Entrée du Monastère de Bayeux.
Source : https://monumentum.fr/ancien-hotel-dieu-pa00111823.html
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